Un soleil de plomb règne sur le plateau du Monument préféré des Français en ce samedi après-midi. Tiré à quatre épingles dans son costume, Stéphane Bern souffre en silence: imperturbable, souriant et prêt à refaire dix fois une prise si nécessaire. «On s'évente, on se rafraîchit comme on peut, mais il fait beau et ça permet de faire de belles images», raconte l'animateur pendant un raccord maquillage. Voilà tout Stéphane Bern. Du moment qu'il fait partager au public sa passion du patrimoine et de l'Histoire, l'animateur est heureux.
Et, avec France 2, il a de quoi être comblé. En juillet, la chaîne rediffuse des numéros de Secrets d'Histoire avant de programmer, dès le mois d'août, des inédits dédiés aux «insoumises» avec des portraits de Désirée Clary, Aliénor d'Aquitaine et la marquise de Sévigné. A la rentrée, les amateurs pourront découvrir des émissions consacrées à Charlemagne et à Casanova, entre autres, ainsi qu'une spéciale en deux parties, le 1er septembre, dédiée à Louis XIV pour le tricentenaire de sa mort. Chaque numéro obtient toujours de belles audiences, avec plus de 3 millions de téléspectateurs.
Bern, le sauveur
La grille de rentrée fera aussi la part belle à l'animateur. À l'occasion des Journées du patrimoine, il prendra les commandes de trois émissions: Le Monument préféré des Français et deux autres inédites. L'une, produite par Arthur, s'appelle Ronde de nuit. «J'ai invité des personnalités comme Marianne James, François Berléand et Christophe Willem à déambuler avec moi toute une nuit au Musée du Louvre. C'est un privilège incroyable d'avoir pour soi tout seul La Joconde ou La Vénus de Milo!»
Puis il présentera une autre émission patrimoniale, Ensemble, sauvons nos trésors. «Je milite depuis deux ans pour redonner une suite à Chefs-d'oeuvre en péril. Quelque 12,5 millions de Français visitent les monuments durant les Journées du patrimoine. Le but est de proposer un programme positif qui met en lumière les associations ou les particuliers qui se battent pour sauver les trésors français. On racontera donc des histoires. Comme celle d'une femme qui élève seule ses enfants et se bat pour sauver un château dont elle a hérité.» Pour l'occasion, l'animateur va lancer un financement participatif en faisant appel aux dons du public pour aider au sauvetage de plusieurs monuments français actuellement en péril.
Stéphane Bern dans la galerie des Glaces au château de Versailles. Le 1er septembre, l'animateur consacrera une soirée en deux parties à Louis XIV, à l'occasion du tricentenaire de la mort du monarque.SCHOUSBOE Charlotte/FTV
Bern, le marathonien
Le 24 août, il enchaîne avec deux numéros de la quotidienne Comment ça va bien!, sur France 2. Malgré des audiences en baisse en fin de saison, la chaîne renouvelle sa confiance à Stéphane Bern, qui met les bouchées doubles. «France 2 nous avait demandé de passer de cinquante-deux à quatre-vingt-dix minutes, mais cela aurait appauvri l'émission en la tirant en longueur, explique l'animateur. Je présenterai donc tous les après-midis deux émissions distinctes. L'une reviendra aux fondamentaux avec des astuces et des conseils dans le domaine de l'art de vivre à la française. Celle qui suivra sera un peu plus festive, et nous recevrons des spécialistes de tous les domaines, qu'il s'agisse du café comme de la remise en forme.»
À cheval sur le divertissement et le programme pédagogique grand public, Stéphane Bern reste indifférent au mercato et se moque de la concurrence féroce que se livrent les animateurs. La nomination de Delphine Ernotte à la présidence du groupe France Télévisions ne change d'ailleurs rien pour lui. «L'arrivée de Mme Ernotte n'a pas d'incidence sur les animateurs et, comme je ne suis pas producteur, je n'ai rien à vendre, commente-t-il. Je fais mon travail. Quand elle voudra me rencontrer, je serai évidemment à sa disposition.»
Bern, le chéri de ces dames
Son rôle de conteur d'histoires et de héraut de la tradition française sied donc parfaitement à Stéphane Bern, qui a été désigné troisième animateur préféré des Français (derrière Michel Cymes et Nagui) avec plus de 25 % des suffrages, dans un sondage publié dans TV Magazine le 28 juin. Son secret de popularité tient à ce qu'il est le même en public et en privé.
En près de trente ans de télé, il reconnaît d'ailleurs avoir vu les médias changer, mais lui reste fidèle à ce qu'il est. «La télé modifie forcément une vie. On devient connu. Mais elle ne m'a ni changé ni rendu fou. Je me suis adapté. Les gens m'ont vu grandir. Je reviens de loin! Ça fait trente ans que je suis dans le paysage, mais j'ai conservé des rapports simples avec les Français. J'aime être proche d'eux dans Le Village, Le Jardin ou Le Monument préféré des Français. Ce n'est d'ailleurs pas innocent si je suis le chéri des femmes, s'amuse-t-il. Elles apprécient cette proximité. Or, les animateurs télé sont devenus une caste et ne savent plus comment vivent les Français, poursuit-il. On peut continuer à être soi-même sans se vautrer dans l'arrogance, comme certains qui animent une émission culturelle que personne ne regarde, mais qui ne veulent pas être déchus en se mettant au service du public.»
C'est dans sa maison de Paros, situé dans les îles grecques des Cyclades, que Stéphane Bern prend du repos chaque été. «Pendant un mois, je ne fais rien, si ce n'est lire, écrire et recevoir des amis, dont Nikos Aliagas», confie-t-il.Julien Cauvin/Starface/ Pour Tv
Bern, le critique
Stéphane Bern n'est pas tendre non plus avec certains animateurs: «J'ai vu les médias basculer vers plus de facilité et de vulgarité. Ce qui m'amuse, ce sont ces animateurs de téléréalité dont on fait du jour au lendemain des vedettes. Eux changent. Mais des amis comme Cyril Hanouna ou Nikos Aliagas sont restés disponibles et adorables. Ils ont une éducation, des principes et n'ont pas choisi de faire ce métier pour être simplement célèbres.»
Stéphane Bern est d'ailleurs le premier à accepter la dérision et à en tirer parti. Il se souvient de ses premières années d'antenne. Avant le lancement de Sagas, en 1998, TF1 avait fait faire une étude de marché qui révélait qu'avec son physique et ses tenues, il n'arriverait à rien nulle part.
Mais, selon lui, pas de réussite sans critique et il adore la dérision. «J'apprécie beaucoup Les Guignols et Le Petit Journal de Canal+, dont l'esprit est encore plus caustique que celui des marionnettes. Je me dresserai sur les barricades si on décidait de supprimer ces émissions! Quant à savoir si l'esprit Canal existe toujours, c'est un autre débat. Mais la caricature est très utile. On a forcément quelque chose à apprendre sur soi-même. Je crois à une vertu insolente de la télé qui divertit, instruit, et brocarde ceux-là même qu'elle glorifie.»
L'avenir se présente sous les meilleurs auspices pour l'animateur qui vient de présenter un projet de fiction à la Gaumont, sous le nom de code «La boutique», qu'il coécrit avec son ami Franck Ferrand, ex-présentateur de L'Ombre d'un doute, sur France 3.
Bern, le scénariste
«C'est une série à mi-chemin entre House of Cards et Game of Thrones, explique-t-il. L'action se déroule dans une monarchie plus ou moins fictive et on raconte ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir. Ça intéresse les Français, on le voit avec ce qu'ils attendent de leur président: qu'il se comporte comme un roi et qu'il ait une première dame. République ou monarchie, de toute façon, le peuple reproduit les mêmes gestes».
Rentrée chargée donc pour Stéphane Bern, qui s'octroie un mois de vacances en Grèce, où il fait la grève absolue du travail. Tout en se réjouissant de son retour. «Mon rythme est épuisant. Si je réponds à toutes les sollicitations pour des inaugurations ou des galas, c'est parce qu'au fond de moi j'ai été élevé en homme de devoir. Vis-à-vis du public, de mes collaborateurs, de ma famille... Je ne peux pas fléchir ni flancher. J'ai choisi cette vie. Je l'ai toujours voulue. Pourquoi me plaindre?»
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