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samedi 3 mai 2014

Stéphane Bern tourne Secrets d'Histoire au Luxembourg

C'est à Fischbach et à Colmar-Berg que se déroule le tournage de Secrets d'Histoire consacré à la Grande Duchesse Charlotte et bien sûr au Palais grand-ducal. C'est à deux pas de là que wort.lu/fr a recontré l'animateur pour lui poser quelques questions.

Dans les escaliers du palais grand-ducal, Stéphane Bern affiche un drapeau luxembourgeois sur son smartphone
Dans les escaliers du palais grand-ducal, Stéphane Bern affiche un drapeau luxembourgeois sur son smartphone.
Plus royaliste que le roi concernant le Luxembourg, pourfendeur des clichés sur le Grand Duché, Stéphane Bern en donne une vision forte, évoque l'ouverture d'esprit du pays, la gentillesse de ses habitants et de la famille grand-ducale, la beauté des paysages… en donne une vision parfois idéaliste, certes, mais fort sympathique.
Très sympathique et souriant, tel qu'il paraît à l'écran, il répond à nos questions, revient régulièrement et avec fierté sur ses origines luxembourgeoises, avec quelques apartés rêveurs… ou cassants.«Le fait de vivre loin rend tout plus beau», concède-t-il. «C'est lié à l'enfance. J'ai eu une enfance parfois un peu difficile et pour moi, le Luxembourg est lié à tous les souvenirs heureux, lorsque je venais chez mes grands-parents.» Le député Laurent Wauquiez, qui avait récemment suggéré d'exclure le Luxembourg de l'Europe, en prend pour son grade au passage: «Dédicace spéciale à Laurent Wauquiez – dont l'existence en politique n'est pas indispensable: Schengen est au Luxembourg!»
  • Comment avez-vous présenté le sujet à France 2 et comment a-t-il été accepté?
Je leur ai dit: faites-moi confiance! La réaction avait aussi été frileuse lorsque j'ai proposé la princesse Palatine ou d'autres personnages historiques peu connus en France. Or les résultats d'audience ont été excellents, les gens s'intéressent à ces aspects de l'Histoire!
  • Pourquoi ce choix d'une émission consacrée à la Grande Duchesse Charlotte?
J'ai vécu dans le culte de la Grande Duchesse Charlotte à travers mes grands-parents maternels qui étaient luxembourgeois. Pour eux comme pour tous ceux qui avaient connu la Seconde Guerre mondiale, la Grande Duchesse Charlotte est quelqu'un de très important, un peu comme une «sainte laïque».Et puis France 2 a l'habitude de parler du Luxembourg d'une façon qui me déplaît fortement. Le tournage de l'émission Cash investigation a été fait selon des méthodes de voyou! On peut parler du Luxembourg autrement: il existe ici une immense richesse culturelle, il faut sortir du cliché sur le secret bancaire! Mon objectif avec cette émission consacrée à la Grande Duchesse Charlotte, c'est aussi cela: changer les clichés que les Français peuvent avoir sur le Luxembourg.


Devant le palais grand ducal.
Devant le palais grand ducal.

  • Justement, les Français connaissent rarement la Grande Duchesse Charlotte. Comment expliquez-vous que son nom n'apparaisse pas ou peu dans les livres d'Histoire en France?
C'est le drame des grands pays de se focaliser sur leur égo! On ne parle pas non plus dans ces livres de la reine Wilhelmine des Pays Bas ou du roi Haakon VII du Danemark qui ont, eux aussi, joué un rôle pendant la guerre. Si en France, on veut faire de vrais Européens, il faut leur enseigner l'histoire de l'Europe. On ne peut pas savoir où l'on va si l'on n'a pas compris d'où l'on vient. Quand je vois la montée du Front national en France, cela me fait peur. C'est en connaissant l'Histoire, en sachant ce qui s'est passé et en le comprenant que l'on peut justement éviter de reproduire les mêmes erreurs. J'ai un devoir de mémoire. Il est important de rappeler les actes héroïques des Luxembourgeois.  Je mets du cœur dans tout ce que je fais. Mais ce Secrets d'Histoire consacré à la Grande Duchesse Charlotte est une émission particulière. J'y mets beaucoup plus d'affect.
  • L'émission a fait appel à différents témoins qui ont connue la Grande Duchesse. Lesquels verrons-nous apparaître?
Le Grand Duc Jean a accepté de nous parler de sa mère… Une interview pas très longue, mais émouvante… Et c'est la première fois aussi que le Grand Duc Henri accepte de consacrer trois heures d'interview à propos de sa grand-mère. Naturellement nous ne diffuserons pas les trois heures! Nous avons aussi interviewé Curtis Roosevelt, le petit-fils du président F.-D. Roosevelt avec lequel la Grande Duchesse Charlotte s'était liée d'amitié. Guillaume et Stéphanie et puis bien sûr d'autres de ses petits-enfants, comme Marie-Astrid. Et puis d'autres encore: les historiens Paul Dostert, Paul Lesch, le premier ministre Xavier Bettel…


Tournage au palais, dans l'escalier d'honneur.


Tournage au palais, dans l'escalier d'honneur.
  • Vous connaissez bien l'histoire de la Grande Duchesse Charlotte, vous aviez déjà prêté votre voix pour le film Léif Lëtzebuerger relatant son exil aux USA. Quelle perception avez-vous de cette femme aujourd'hui?
J'avais une vision extatique de la Grande Duchesse Charlotte. J'ai été élevé par mes grands-parents avec le poids de la guerre. Or elle représentait, en plus de sa qualité de souveraine, une figure si emblématique pour les Luxembourgeois qui ont vécu cette période! J'ai appris beaucoup en préparant cette émission, grâce aux témoignages. Ses petits-enfants m'ont raconté que c'était une grand-mère formidable. J'ai appris aussi que chaque jour vers 17 heures, elle prenait une cigarette et buvait une bière et qu'elle jouait de l'accordéon pour se détendre. Qu'elle ne se contentait pas d'aimer les fleurs, mais qu'elle a planté elle-même des arbres et des fleurs dans les jardins du château de Fischbach, elle avait un vrai talent de paysagiste! C'était une femme très moderne, elle faisait tout elle-même: elle travaillait, élevait ses six enfants, décidait de tout, sans jamais outrepasser ses fonctions souveraines ou institutionnelles. Et puis elle avait cette simplicité que j'aime chez les Luxembourgeois. Elle incarne au plus haut point la simplicité. Elle avait aussi un sens de l'empathie, comme les membres de la famille grand-ducale, en prenant les problèmes des autres comme les siens.


La porte s'ouvre sur la vie de la Grande Duchesse Charlotte.
Photo: Gerry Huberty

  • Si vous pouviez lui parler aujourd'hui, quelles questions souhaiteriez-vous lui poser?
Je serais trop impressionné pour lui parler! Evidemment, j'y arriverais… mais je manquerais de discernement je pense. Je lui demanderais de raconter comment, tout-à-coup, vers quatre ou cinq heures du matin, elle a décidé de partir. Cela a dû être vraiment horrible, même si c'était le bon choix. Et puis comment on arrive à tenir avec cette foi inébranlable: «je vais sauver mon pays».
Propos recueillis par Anne Fourney

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