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dimanche 8 février 2015

Stéphane Bern au chevet du collège royal militaire de Thiron-Gardais


Stéphane Bern à Thiron-Gardais. Photo : Bernard Meyer

Stéphane Bern tient aussi bien le micro à la télé et à la radio que son chantier de réhabilitation du Collège royal de Thiron-Gardais. Sa future maison, mais aussi un musée. Visite en avant-première pour L’Echo Républicain.





Stéphane Bern ne se contente pas de vanter le patrimoine français à la télévision. Il met aussi la main à la pâte. Acquéreur de l’ancien Collège royal militaire de Thiron-Gardais, qui tombait en ruine, il le restaure à ses frais : « Thiron-Gardais, c’est l’œuvre de ma vie ».

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Comment avez-vous découvert le collège de Thiron ?
Le Conseil général d’Eure-et-Loir est venu me chercher en me disant qu’il avait un monument historique, en ruine depuis dix ans, qu’il n’avait plus les moyens d’entretenir. Il cherchait quelqu’un comme moi pour le sauver. Et il me l’a vendu au prix d’un studio parisien. Je me suis laissé prendre, mais je ne regrette pas. Moi qui baigne dans l’histoire, je restaure selon les règles anciennes. Il y a vingt personnes sur ce chantier. Ça fait travailler du monde. C’est une œuvre de salubrité publique.
C’est un lieu que vous souhaitez habiter, mais aussi faire revivre.
Je veux le préserver, le protéger pour l’avenir. Si quelqu’un vient après moi pour tout détruire, ce n’est pas la peine. Il faut réfléchir à ça, à la façon de faire vivre cet endroit.

Vous voulez en faire un musée?
Oui, sur l’histoire des collèges royaux, de Thiron-Gardais et de la vie des élèves de ce collège. J’espère signer des conventions avec des musées d’État pour avoir quelques objets. Je voudrais obtenir du musée des Beaux-arts de Chartres l’une des crosses de Saint-Bernard-de-Tiron (*). J’ai déjà quelques documents à montrer, comme l’édit de Louis XVI par lequel est institué le collège de Thiron. Il y aura des tableaux, des souvenirs de l’abbaye, des panneaux et un film.

Restaurer ce musée, est-ce une façon de mettre en cohérence vos actes et votre discours ?
Vous ne pouvez pas dire tout le temps : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Il faut donner l’exemple. Je gagne ma vie en faisant des émissions sur le patrimoine. Alors, je remets cet argent dans le circuit en faisant revivre ce patrimoine, sans demander d’argent à l’État. En me tournant vers les banques, comme tout le monde.

Est-il normal que ce soit vous, et non l’État, qui s’acquitte de cette mission ?
L’État n’a déjà pas les moyens de nourrir tout le monde. Il y a 3,5 millions de chômeurs.

Donc, il faut des mécènes ?
Oui, car ce sont toujours le patrimoine et la culture qui pâtissent en temps de crise. Plutôt que ce soit l’État, c’est moi qui paye. Je le fais de bon cœur. Je n’ai pas de goûts de luxe. Je n’aime pas les belles montres ou les belles voitures. Je ne collectionne rien, à part les fèves. Et ça ne coûte pas très cher?!

Il y en a beaucoup, des gens comme vous ?
Plus qu’on ne le croit. Si vous saviez le nombre de Châtelains qui auraient envie de vendre leurs vieilles pierres pour acheter un appartement à la mer ou à la montagne et vivre heureux…

« Je ne suis pas là pour faire vivre tout le monde »

Il y en a plein, mais ils ne le font pas, car ils se sentent un devoir moral vis-à-vis du patrimoine et de leurs ancêtres. Ils devraient être plus respectés, tous ces châtelains qu’on méprise et qu’on prend pour des gens riches, alors qu’ils bouffent des pommes de terre tous les jours.

Vous avez investi 350.000 € pour l’acquisition du collège.
Que représente le coût des travaux?? C’est colossal. Je ne peux pas vous dire. C’est indécent. Ça n’a aucune valeur marchande. Personne ne peut acheter une maison comme celle-là. Je le fais sur vingt ans, mais je m’en fiche. Je n’ai aucune intention de la revendre. Je veux protéger ce patrimoine et le transmettre. C’est l’œuvre d’une vie.

L’œuvre de votre vie ? 
Je m’installe ici, j’ai envie de servir le patrimoine.

On peut parler d’un coup de foudre ?
Oui. C’est difficile d’expliquer pourquoi. Ce qui m’a plu avant tout, c’est l’endroit. Je me vois très bien vivre ici. Ça me plaît. Ça ne s’explique pas.

Vous semblez également très à l’aise à Thiron, où vous connaissez déjà presque tout le monde.
Je viens souvent. Les gens vous reconnaissent, vous parlent. Je suis venu pour des pierres et je vais rester pour les gens. Je suis tombé amoureux de ce village et de ses habitants.

Comment sont-ils, ces habitants? 
Très sympathiques. Mais j’essaie aussi d’expliquer que je ne suis pas la Banque de France. Je ne suis pas là pour faire vivre tout le monde. Je fais ce que je peux. Aides toi, le ciel t’aidera. Il faut que, tous ensemble, on œuvre dans le même sens. Vous savez, il y a aussi des jalousies. Quand vous êtes le premier contributeur d’un village, forcément, les voisins vous demandent de payer pour mille choses. Il y a un arbre qui est tombé. Hop, c’est de ma faute…

Vous vous êtes aussi fait des amis, comme Brigitte Pistre, maire de Frazé, qui vous héberge durant les travaux. 
Je me suis fait des amis dès le jour de la vente. Avec Brigitte, on est devenus amis ce jour-là et on ne s’est plus quittés. Ici, je rencontre aussi des compagnons, des artisans, qui font un métier formidable. Avec eux, on protège des métiers d’art qui, sinon, disparaîtraient.

Comment voyez-vous la suite ?
Il y a encore plein d’autres choses à faire, comme le jardin. Ça ne va pas s’arrêter. Je voudrais aussi que l’on s’occupe de restaurer l’abbatiale, avant qu’elle ne tombe?!

C’est encore vous qui allez mettre la main au porte-monnaie ?
Comme tout le monde. Mais pas plus que les autres?!

Sébastien Couratin

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